Richard Ouourou Boni, ou le récépissé frelaté d’une ambition frelatée

Il voulait un parti politique. Il a préféré l’acheter plutôt que de le bâtir. Richard Boni Ouorou, ancien pensionnaire de prison reconverti en politologue autoproclamé, s’est vu rattrapé par ses vieux démons: la facilité, le mensonge, et surtout… la corruption.

RICHARD BONI OUOROU ou le récépissé frelaté d’une ambition frelatée
LA CHUTE D’UN FAISEUR D’ILLUSIONS
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Par François Comlan
18 mai 2025
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Fraude, frime et faux-semblant : la République selon Richard.
Un récépissé, sept millions : quand la corruption remplace la conviction.
Quand l’irrégularité fonde l’existence d’un parti, la révocation devient une exigence républicaine. Fraude avérée, récépissé vicié : l’État doit retirer le document.
Il voulait un parti politique. Il a préféré l’acheter plutôt que de le bâtir. Richard Boni Ouorou, ancien pensionnaire de prison reconverti en politologue autoproclamé, s’est vu rattrapé par ses vieux démons: la facilité, le mensonge, et surtout… la corruption. Derrière les selfies canadiens, les suites parisiennes et les vidéos folkloriques, une affaire d’État prend forme. Et pendant que le récépissé de son parti “Le Libéral” fait encore semblant d’exister, la justice, elle, n’a pas l’intention de plaisanter.
Il voulait entrer en politique comme on entre en boîte de nuit : avec une chemise brillante, deux verres dans le nez et un billet glissé au videur. Richard Boni Ouorou, l’homme qui confond récépissé avec diplôme de gouvernance, a décidé que la légalité n’était qu’un détail administratif quand on a un portefeuille bien garni et un ego enflé à faire rougir Narcisse. Ce n’est pas tous les jours qu’un ancien pensionnaire de la prison civile de Cotonou revient jouer au chef de parti après s’être fait passer pour un avocat imaginaire du nom de Me Geraldo. Il aurait pu rester dans l’anonymat, mais la politique est devenue le refuge préféré des faussaires en quête de rédemption.
Après un exil canadien opportun, le revoilà bombardé “politologue”, “expert en marchés africains”, “conseiller de Trudeau” tout ça parce qu’il a réussi à prendre une photo avec le Premier ministre canadien pendant une convention. À ce rythme, un selfie avec Ronaldo ferait de lui un sélectionneur national. De retour en Afrique, notre homme descend dans les suites les plus chères, précisément au Sofitel Arc de Triomphe, dans le 8è arrondissement de Paris ; puis au 2 Février de Lomé, recevant activistes et parasites avec la générosité ostentatoire d’un nouveau riche en mission divine. Il crée son parti politique comme on monte une start-up : quelques documents, beaucoup de bluff, et une poignée de naïfs pour fournir les pièces d’identité. En moins de temps qu’il n’en faut pour digérer un plat de Azingokouin et trois œufs, il obtient un récépissé provisoire. Et s’empresse, comme tout bon imposteur digitalisé, de l’annoncer sur les réseaux sociaux avec l’excitation d’un enfant qu’on aurait laissé jouer au ministre.
Corrupteur et corrompus,même cellule, même humiliation
Sauf que la République a des nerfs. Et une mémoire. Le ministère de l’Intérieur renifle une anomalie. Sept millions changent de mains, deux fonctionnaires tombent, et Richard parle. Trop, comme toujours. Il avoue, donne les montants, les noms, les détails. Bref, il se tire lui-même une balle dans le pied, puis demande un certificat médical. Corrumpens et corruptus pari crimine tenentur: corrupteur et corrompus, même cellule, même humiliation. Le Procureur spécial de la Criet est formel : ce n’est pas du rançonnement, c’est de la corruption active, avec aveux à l’appui et peines en perspective.
Mais pendant ce temps, le récépissé reste intact. Aucune annonce officielle de son retrait, alors même qu’il est le fruit évident d’une fraude. Fraus omnia corrumpit: la fraude corrompt tout, y compris l’acte de naissance d’un parti politique bricolé à coups de liasses. L’administration n’a d’autre choix que de le retirer, sauf à cautionner le mensonge institutionnel.
Pensant amadouer le régime en insultant Les Démocrates et Boni Yayi, Richard a voulu offrir sa hargne comme viatique politique. Mais les pontes de la Rupture ne sont pas tombés dans le panneau : un faux dévot ne fait pas un bon converti. Il ignorait que ce pays est devenu une terre étrange où même les intouchables reçoivent des gifles judiciaires. En distribuant du riz, en filmant ses repas locaux, il espérait séduire l’électorat ; mais au Sofitel à Paris, c’est foie gras, caviar et grands crus. Deux visages, une seule obsession : faire croire.
Entreprise imaginaire,
employés invisibles,
prospérité simulée
Comme tous les arnaqueurs de salon, Richard a même commandé son documentaire de campagne, alignant les mensonges comme des perles : entreprise imaginaire, employés invisibles, prospérité simulée. Mais la chute est réelle. Il croyait surfer sur la vague politique ; il se noie dans un marécage pénal. Et s’il faut corrompre pour obtenir un récépissé, que ferait-il une fois à la tête de l’État ? Redoutable question. La Criet, elle, n’a pas le sens de l’humour : détention provisoire, saisie des comptes, et peut-être bientôt des charges plus lourdes.
Richard Boni Ouorou est tombé dans les sables mouvants de la Rupture, pensant y construire un trône. Il y bâtira, au mieux, une cellule avec vue sur regrets. Et pour finir, posons la seule question qui mérite d’être gravée sur le marbre de cette farce : comment le ministre de l’Intérieur a-t-il su… puisque tout était si bien gardé entre les poches des corrompus et la main experte de leur corrupteur ?
François Comlan

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