Enlèvement déguisé ou extradition illégale ? RSF dénonce l’arrestation musclée du journaliste béninois Hugues Sossoukpè à Abidjan

Le 10 juillet 2025, le journaliste béninois Hugues Comlan Sossoukpè, directeur du média d’investigation Olofofo, a été arrêté à Abidjan dans des conditions qualifiées de « rocambolesques et illégales » par Reporters sans frontières (RSF). Alors qu’il

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Le 10 juillet 2025, le journaliste béninois Hugues Comlan Sossoukpè, directeur du média d’investigation Olofofo, a été arrêté à Abidjan dans des conditions qualifiées de « rocambolesques et illégales » par Reporters sans frontières (RSF). Alors qu’il bénéficiait du statut de réfugié politique au Togo, il a été interpellé, puis reconduit de force vers le Bénin à bord d’un avion affrété spécialement, et ce sans aucun mandat d’arrêt international ni décision de justice en Côte d’Ivoire.

« En l’état, cette opération relève d’un enlèvement »

Les services de renseignement béninois ont localisé le journaliste

Selon les informations recueillies par RSF auprès de sources concordantes, les services de renseignement béninois ont localisé le journaliste grâce à ses publications sur les réseaux sociaux, notamment Facebook. L’opération, orchestrée en coordination avec le ministère de la Défense ivoirien, a été présentée comme une réponse à une prétendue menace terroriste. Pourtant, aucun élément ne justifiait une telle procédure : ni notice Interpol, ni mandat judiciaire, ni acte d’extradition officiel.

« En l’état, cette opération relève d’un enlèvement », affirme Arnaud Froger, responsable du bureau Investigation de RSF. L’organisation évoque de graves manquements au droit, signalés au plus haut niveau de l’État ivoirien, et réclame l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante et transparente.

Toujours selon RSF, les autorités béninoises auraient qualifié Sossoukpè de “cyberactiviste dangereux”, prétextant une apologie du terrorisme – une accusation jugée infondée, y compris par le parquet ivoirien initialement informé. Ce dernier n’a d’ailleurs pas été associé à la suite des événements, pas plus que l’unité anti-terroriste ivoirienne chargée de sa surveillance.

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La veille de son départ, des policiers béninois, en mission à Abidjan, l’ont extrait de son hôtel, escorté au salon VIP de l’aéroport, avant de le faire embarquer, hors de tout cadre légal. Depuis, le journaliste est détenu dans une cellule d’isolement à Cotonou, accusé de harcèlement, de rébellion et d’apologie du terrorisme.

Face à ce qui s’apparente à une violation grave du principe de non-refoulement, RSF demande la libération immédiate du journaliste et met en cause la complicité active ou passive de certaines autorités ivoiriennes. La détention d’un officier ivoirien impliqué dans la surveillance ne fait qu’amplifier les zones d’ombre de cette affaire.

Sossoukpe en exil depuis 2019

Hugues Comlan Sossoukpè est un journaliste béninois d’investigation reconnu pour son engagement sans relâche en faveur des droits humains et de la liberté d’expression. Contraint à l’exil depuis 2019 en raison de ses prises de position critiques à l’encontre du régime du président Patrice Talon, il est devenu l’une des rares voix dissidentes à dénoncer, avec courage et constance, les dérives autoritaires, les atteintes à la justice et les violations des droits fondamentaux au Bénin. À travers son média Olofofo, il a documenté plusieurs affaires sensibles impliquant les hautes sphères du pouvoir, devenant ainsi la cible d’intimidations et de persécutions. Dans un climat de répression croissante, Hugues Sossoukpè est perçu aujourd’hui comme l’un des derniers bastions du journalisme libre au Bénin, porteur d’une parole indépendante face à un système de plus en plus fermé à la critique.

La Rédaction

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