Farmgate : le scandale du canapé plein de dollars qui hante toujours Cyril Ramaphosa
Pretoria, 16 septembre 2025 – Trois personnes comparaissent actuellement devant la justice sud-africaine pour leur rôle présumé dans le cambriolage de la ferme privée du président Cyril Ramaphosa, où 580 000 dollars en espèces auraient été dérobés… dans un canapé. Ce procès, très attendu, remet en lumière le scandale politique baptisé Farmgate, qui a failli coûter son poste au président sud-africain.
Les faits remontent à février 2020, lorsque des voleurs se seraient introduits dans la ferme animalière Phala Phala, propriété de Cyril Ramaphosa dans la province du Limpopo. L’affaire n’a toutefois éclaté qu’en 2022, à la suite d’une plainte déposée par Arthur Fraser, ancien chef des services de renseignement et proche de Jacob Zuma, rival politique de Ramaphosa.
Une somme dissimulée dans un canapé
Selon Fraser, plus de 4 millions de dollars en espèces auraient été dissimulés dans un meuble du salon présidentiel. Ramaphosa, qui évoque une vente légale d’animaux sauvages, a reconnu l’existence de l’argent, mais conteste le montant. Il n’a toutefois jamais expliqué pourquoi une telle somme était cachée de manière aussi insolite.
Le parquet accuse Imanuwela David, Ndilinasho Joseph et Froliana Joseph, ancienne employée de la ferme, d’être les auteurs du vol. Tous trois plaident non coupables. Le procès a été reporté à plusieurs reprises, notamment pour permettre à Froliana Joseph de donner naissance à un enfant.
Ramaphosa dans la tourmente
Bien que blanchi par les autorités financières et la police sud-africaine, Cyril Ramaphosa a dû faire face à une procédure de destitution en décembre 2022. Il n’a échappé à l’éviction que grâce au soutien de l’ANC, son parti, qui a ensuite perdu la majorité aux élections générales de 2024, forçant la formation d’un gouvernement de coalition.
Le président, pourtant élu sur une promesse de lutte contre la corruption, reste sous pression. Le procès en cours pourrait raviver les soupçons sur ses pratiques financières et sur une possible dissimulation du cambriolage.
Un procès très suivi
Le ministère public prévoit d’appeler 20 témoins, dont des membres du personnel de la ferme présidentielle. Le procès devrait durer trois semaines. Il ne devrait pas impliquer directement Cyril Ramaphosa en tant qu’accusé, mais la justice et l’opinion publique attendent des réponses sur les zones d’ombre de ce scandale à tiroirs.
Trois ans après la révélation de l’affaire, Farmgate demeure un symbole du fossé entre les engagements politiques et la réalité opaque du pouvoir en Afrique du Sud.