Référendum constitutionnel en Guinée : un vote décisif pour la sortie de transition

Ce dimanche, plus de 6,5 millions d’électeurs guinéens sont appelés aux urnes pour se prononcer sur le projet de nouvelle Constitution, présenté comme l’acte fondateur du retour à l’ordre constitutionnel, près de quatre ans après le coup d’État ayant renversé l’ex-président Alpha Condé. Cette consultation populaire intervient dans un climat mêlant espoir de renouveau démocratique et vigilance citoyenne, alors que la Guinée tente de renouer avec les instances régionales et internationales après une longue période d’instabilité politique.


Un texte de rupture… et de continuité

La nouvelle Constitution, composée de 199 articles, entend tourner la page de la transition enclenchée en 2021 sous la houlette du colonel Mamadi Doumbouya. Elle maintient un régime présidentiel, mais introduit deux nouvelles institutions :

  • Un Sénat, dont un tiers des membres sera nommé par le président,

  • Et une Cour spéciale de justice chargée de juger les dirigeants pour crimes ou délits commis en fonction.

Parmi les réformes phares figurent :

  • La garantie d’une éducation gratuite jusqu’au secondaire,

  • L’instauration d’une couverture santé universelle,

  • Un renforcement de la décentralisation,

  • Et la réservation de 30% des postes électifs aux femmes, au nom de l’équité de genre.


Vers des élections générales fin 2025

L’adoption du texte ouvrirait la voie à des élections présidentielle, législatives et communales dès la fin de l’année ou début 2026, selon les autorités. Le mandat présidentiel passerait à sept ans renouvelable une seule fois, et les candidatures indépendantes seraient désormais autorisées pour la présidentielle.

Un point fait cependant débat : l’immunité juridique accordée aux anciens chefs d’État, inscrite à l’article 74, qui pourrait freiner les dynamiques de redevabilité réclamées par certains acteurs de la société civile.


Une étape cruciale dans un climat encore fragile

Alors que les tensions ethniques, les crises économiques et les suspicions de verrouillage institutionnel persistent, ce référendum est présenté par ses promoteurs comme un outil de réconciliation nationale. Toutefois, plusieurs observateurs appellent à la vigilance quant à la mise en œuvre effective des réformes et à la tenue effective des scrutins annoncés.

Ce scrutin déterminera si la Guinée engage un virage démocratique durable ou si les fragilités de la transition continueront à hanter son avenir politique.


 

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