🧨 ATASSA ! – Quand l’État vend à son chef :  Maisons, décrets, hectares : Martin Rodriguez accuse Talon de s’accaparer les biens de l’État
“C’est un abus de pouvoir. Devant une juridiction indĂ©pendante, Talon va en prison.” Les mots sont durs. L’homme qui les prononce, Martin Rodriguez, est connu pour ne pas tourner autour du pot. Cette fois, c’est devant au cours d’une Ă©mission sur la chaine BeAfrica, qu’il a exposĂ© sa vĂ©ritĂ© sur ce qu’il considère comme l’un des grands scandales fonciers du pouvoir actuel.
Une maison, un décret, une controverse
Tout part de l’affaire révélée en 2017 : le président Patrice Talon a acquis un immeuble appartenant à l’État, voisin de sa résidence privée. Le bien, affecté au ministère des Affaires étrangères, aurait été acheté après modification par décret présidentiel du prix du mètre carré, passé de 2000 FCFA à 300 000 FCFA. Dans une décision technique — DCC 17-009 du 6 janvier 2017 — la Cour constitutionnelle avait validé la régularité du processus.
Mais pour Martin Rodriguez interrogĂ© sur la question, l’histoire n’est pas terminĂ©e.
“Je vis dans ce quartier depuis 1989”
Dans une dĂ©claration virale sur les rĂ©seaux sociaux, Rodriguez affirme ĂŞtre propriĂ©taire d’une maison dans le mĂŞme quartier depuis 1989. Et selon lui, l’évaluation du terrain Ă 300 000 FCFA/m² n’est qu’une manipulation politique. “Le mètre carrĂ© ne coĂ»te pas ça. Il vaut aujourd’hui 4 Ă 5 fois plus. Et surtout, aucun bien public n’a Ă©tĂ© mis officiellement en vente.” Mais l’homme d’affaires, ne s’arrĂŞte pas lĂ .  Rodriguez va plus loin. Il Ă©voque une prĂ©tendue confiscation progressive de domaines stratĂ©giques de l’État et revient sur le domaine de la base navale de Cotonou, que Patrice Talon aurait “repris” Ă son compte, ainsi que le site sur lequel est construit le lycĂ©e Manoel Talon, propriĂ©tĂ© de l’État selon Rodriguez.
“Un seul homme s’accapare tout. Si vous ĂŞtes contents, dites-le. Mais moi, je ne reculerai jamais devant la vĂ©ritĂ©.”
Si les partisans de Patrice Talon invoquent à chaque fois la légalité des procédures et la transparence financière (versement de 919 millions FCFA dans les caisses publiques), les critiques rétorquent qu’aucune transparence réelle n’existe, faute d’enquête parlementaire, de débat public, ou de contrôle indépendant.
Les faits soulevés par Martin Rodriguez interpellent et posent des questions fondamentales sur la gestion du domaine public. Qui décide de ce qui peut être vendu dans le patrimoine de l’État ? Pourquoi aucune publicité officielle n’accompagne-t-elle ces opérations ? Et où se trouvent les décrets exacts de cession, notamment pour la base navale et le terrain du lycée Manoel Talon cités par l’opposant ?
Au-delà de la personne de Patrice Talon, Martin Rodriguez une véritable crise de gouvernance institutionnelle. Il indexe un système où le président peut modifier les textes, acquérir des biens publics et les exploiter personnellement, dans une opacité totale sur la gestion du domaine de l’État. Une situation qui finalement illustre surtout l’absence de garde-fous démocratiques efficaces pour encadrer et contrôler les décisions concernant le patrimoine public.
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