Le Boracay navire de la « flotte fantôme » russe, sous pavillon béninois, soupçonné d’un rôle dans l’affaire des drones au Danemark
Un pétrolier soupçonné d’appartenir à la « flotte fantôme » russe est au centre d’une enquête ouverte par les autorités judiciaires françaises. Le navire, identifié sous le nom de Boracay et battant pavillon béninois, a été intercepté par la Marine nationale et se trouve actuellement à la limite des eaux territoriales françaises, au large de Saint-Nazaire. Il est notamment soupçonné d’être lié à l’incursion de drones non identifiés survenue la semaine dernière dans l’espace aérien danois.
Navire sous sanctions et présomption d’infraction
Selon un porte-parole de l’État-major de la marine, une présomption d’infraction commise par le pétrolier Boracay a conduit à un signalement au parquet de Brest, le tribunal territorialement compétent. Le navire est arrivé dans la zone du parc éolien de Saint-Nazaire le 28 septembre, vers 17 h, et y est resté ancré depuis, d’après les données de l’agence LSEG.
L’intérêt des autorités pour le Boracay s’explique par sa classification. Le navire est inscrit sur les listes de sanctions de l’Union européenne et du Royaume-Uni visant la Russie. Il est également désigné comme étant l’ancien Pushpa, un pétrolier de 144 mètres de long construit en 2007. Son changement successif de noms et de pavillons au fil des années le rattache à la « flotte fantôme » russe, un réseau de navires opérant souvent dans l’opacité pour contourner les sanctions internationales, notamment dans le secteur du pétrole. Le fait que le navire batte pavillon béninois – et soit donc enregistré au Bénin – soulève des questions sur la traçabilité de ces mouvements maritimes.
Soupçons de rôle dans l’affaire des drones de Copenhague
L’enquête s’inscrit dans le contexte des tensions croissantes entre l’OTAN et la Russie. Le Boracay serait l’un des trois navires de commerce que les autorités danoises ciblent suite à des survols de drones survenus les 21 et 24-25 septembre au-dessus de leur espace aérien, incluant des aéroports de Copenhague.
Ces navires sont soupçonnés d’avoir servi de plateforme de lancement pour ces drones. Selon les données de la société Windward, le Boracay naviguait à moins de 70 milles nautiques de l’aéroport de Copenhague le 22 septembre, au moment où les drones auraient fait intrusion. Cette proximité géographique alimente les suspicions des autorités.
Pour l’heure, l’enquête est en cours et vise à déterminer la nature exacte de l’infraction présumée et le rôle réel du pétrolier Boracay dans les incidents survenus au Danemark. Le navire est maintenu sous surveillance à la limite des eaux territoriales françaises.