Le 23 septembre 2025, deux membres des forces de sécurité béninoises – un militaire et un policier – ont été auditionnés par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). En cause : désertion et abandon de poste. Au-delà des faits judiciaires, ce double cas met en lumière un phénomène discret mais croissant : le désengagement silencieux de certains hommes en uniforme, dans un contexte politique tendu à l’approche des élections générales de 2026.
Des désertions qui interrogent
Selon des informations rendues publiques sur les réseaux sociaux et recoupées par plusieurs sources sécuritaires, les deux agents de sécurité n’ont pas réintégré leur poste sans autorisation préalable. L’un des prévenus, militaire de son état, a évoqué lors de son audition des « pratiques occultes » au sein de son unité. Le policier, quant à lui, n’a avancé que des motifs vagues et peu documentés. Le parquet de la CRIET a requis des sanctions disciplinaires et pénales, considérant qu’il s’agissait d’une atteinte grave à la discipline militaire et à l’autorité de l’État.
Un phénomène plus large qu’il n’y paraît
Ces cas ne seraient pas isolés. Depuis plusieurs mois, selon diverses sources proches des milieux sécuritaires, des départs volontaires, des absences prolongées ou encore des mutations “stratégiques” se multiplient au sein des forces armées et de la police nationale. Des signaux faibles qui témoigneraient d’un climat de malaise généralisé, alors que les élections générales, législatives et présidentielle, se profilent à l’horizon 2026. Certains agents confieraient en privé leur refus de se retrouver au cœur d’un dispositif de répression potentielle, dans un pays où les libertés publiques sont de plus en plus restreintes, selon les rapports successifs de Reporters sans frontières (RSF) et d’Amnesty International.
L’État confronté à ses propres gardiens
Le malaise est d’autant plus profond qu’il affecte directement les forces censées garantir la stabilité et la souveraineté de l’État. Si les autorités judiciaires et administratives évoquent des cas individuels, elles restent silencieuses sur l’ampleur réelle du phénomène. Aucun commentaire officiel du ministère de la Défense ou de l’Intérieur n’a été enregistré à ce jour.
« Quand ceux qui sont censés protéger l’État commencent à le fuir, c’est que l’État est en danger », résume un analyste politique basé à Cotonou, sous couvert d’anonymat.
La comparution devant la CRIET de ces deux agents pourrait bien n’être que la partie visible d’un malaise plus profond au sein des institutions sécuritaires béninoises. À l’approche d’élections majeures et dans un climat de suspicion politique croissante, ces désertions posent une question cruciale : le pouvoir peut-il encore compter sur ses forces pour assurer une transition démocratique apaisée ? Si les sanctions tombent, les réponses, elles, tardent à venir.